Interview exclusive de Hamad Kalkaba Malboum

« Le Maroc honore l'Afrique en accueillant l'étape africaine de la Diamond league »

Le président de la Confédération Africaine d'Athlétisme (CAA), Hamad Kalkaba Malboum, s'est dit très heureux de voir " ce très beau stade olympique, fiable avec tous les équipements nécessaires pour accueillir de grandes compétitions à l'instar de la Diamond League, qui s'est déroulée le dimanche 25 mai 2025 à Rabat".

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"Le Royaume du Maroc honore l'Afrique en accueillant l'étape africaine de la Diamond League grâce au Meeting International MOHAMMED VI de Rabat sur un Stade ultramoderne ( .... )  Je suis très heureux pour l'athlétisme africain ; heureux également de savoir que le Maroc quand il organise un événement , il prend très au sérieux notre sport" a-t-il révélé dans une interview exclusive au site de la CAA  (www.caaweb.org).

  Dans ce sens ; Il a exprimé ses sincères remerciements et sa profonde gratitude à M. Abdeslame Ahizoune, président de la Fédération Royale Marocaine d'Athlétisme (FRMA).

" J'en suis très reconnaissant. Mon ami Abdeslam Ahizoune, président de la Fédération Royale Marocaine d'Athlétisme (FRMA), qui avec son appui, et ma volonté aussi d'avancer ensemble, nous avons amené en Afrique le premier meeting de la Diamond League que l'Afrique organise ici à Rabat" a souligné le président de la CAA.

Et d'ajouter que " le Maroc a eu de grands champions tels Said Aouita, Nawal El Moutawakel, Hicham El Guerrouj, Nezha Bidouane etc... ce qui mérite le soutien des pouvoirs publics. C'est indéniable ".

M.Kalkaba n'a pas manqué de soulever l'attitude adoptée par les dirigeants du football mondial ou africain, "qui consiste à briser la solidarité, qui a toujours existé entre le football et l'athlétisme depuis de longues dates. Ils arrivent même à prendre une décision politique tendant à rompre cette solidarité. Dans les stades de football, il y a eu toujours des pistes d'athlétisme permettant aux deux disciplines de toujours cohabiter".

L'athlétisme et le football, bien que différents, partagent une relation ancienne et continue. L'athlétisme, avec ses disciplines axées sur la vitesse, l'endurance et la force, constitue souvent une base pour le football, en développant les qualités physiques essentielles pour le jeu. De plus, certains footballeurs ont commencé par l'athlétisme, tandis que d'autres font l'inverse, témoignant de cette interconnexion. Ne dit-on pas que l'athlétisme est la mère des sports ?

M.Kalkaba a appelé à " la conjugaison de nos efforts pour que chacun puisse grandir au lieu qu'une partie cherche à fragiliser l'autre. Eux, ils sont très riches et nous moins riches. Il va falloir ouvrir une discussion sur ce sujet pour la sauvegarde du premier sport olympique ". 

Le président de la CAA a fait savoir que la majorité écrasante des pays africains n'ont pas les ressources financières pour construire séparément des stades de football et des pistes d'athlétisme.

- Le changement de nationalité, le processus de qualification et le problème des visas : trois facteurs qui entravent le sport africain.  

"Au lendemain des Jeux Olympiques de Paris ; nous avons tenu une réunion d'évaluation avec les responsables de l'Association des Comités Nationaux Africains (ACNOA) pour dresser le bilan de la participation africaine et nous avons constaté que nous avons régressé en termes de médailles. Alors on s'est posé la question : à quoi est dû cette régression ? s'interroge le président de la Confédération Africaine d'Athlétisme. 

Bakkali 2 jpgEt de poursuivre " certes, l’Afrique a gagné des médailles lors des derniers Jeux olympiques en athlétisme (39 médailles :13 en or,12 en argent et 14 en bronze). Mais reconnaissons-le, notre potentiel peut aller croissant pour doubler ce résultat. C’est pourquoi les défis auxquels font face nos athlètes doivent être identifiés pour nous permettre de mettre en place de meilleures stratégies".  

"Le fait par exemple que les compétitions les mieux cotées pour la qualification aux Jeux Olympiques, se déroulent en général en dehors du continent africain, constitue un handicap sérieux pour nos sportifs", souligne le président de la Confédération Africaine d'athlétisme M.Hamad Kalkaba Malboum.

Il a noté que "les processus de qualification adoptés par les fédérations internationales sont très coûteux, rendant l’accès difficile, voire quasi impossible pour nos sportives et sportifs, pourtant très talentueux. A cela s’ajoutent les difficultés d’obtention des visas pour aller chercher la qualification dans les pays du Nord ".

Il a cité comme exemple le cas d'un athlète Camerounais champion du Commonwealth, champion des jeux de la Solidarité islamique et champion d'Afrique à qui on a demandé d'aller à Bangkok chercher sa qualification… Idem pour l'équipe nationale féminine camerounaise de hand-ball qui avait un problème de visas pour se déplacer en Hongrie pour chercher une qualification. Alors que la Hongrie n'a pas de représentation diplomatique au Cameroun et c'est l'ambassade de l'Allemagne qui s'en occupe, mais cette dernière a catégoriquement refusé d'octroyer des visas à cette équipe la privant ainsi de participer de ce tournoi.

M.Kalkaba a expliqué qu'avec ce type de situations vécues par d'autres pays africains, il fallait réfléchir à trouver un système de qualification qui facilite la participation des athlètes dans un esprit de l'universalité.

 "Cette situation nous engage à une concertation profonde pour donner plus de chances à nos athlètes afin de pouvoir rivaliser avec leurs pairs au niveau international et réaliser leur rêve de représenter l’Afrique sur la scène mondiale " a-t-il dit.

La CASOL, un organe de coordination, de concertation et d'action au service de l’élite sportive africaine.

Créée lors de l'Assemblée générale constitutive le 12 octobre 2024 à Yaoundé, L'Association Africaine des Confédérations des Sports Olympiques (CASOL) incarne la volonté des confédérations sportives africaines de se structurer pour mieux défendre les droits et intérêts des athlètes du continent et les accompagner vers l'excellence internationale.

Cette assemblée a regroupé 26 Confédérations sportives africaines représentées par leurs présidents, en présence des dirigeants de de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA).

Chebet 3 jpgSon objectif principal est de réduire les obstacles qui empêchent les athlètes africains de se qualifier pour les Jeux Olympiques et de collaborer avec d'autres acteurs comme l'ACNOA et le CIO, les fédérations internationales, l’Association des fédérations internationales des sports olympiques d’été (ASOIF) pour relever ces défis.

La CASOL joue ainsi un rôle crucial dans la préparation des athlètes africains et dans la gestion des résultats et des performances pendant les Jeux Olympiques.

A rappeler que le 7 janvier 2025 le président du Comité international olympique (CIO) M.Thomas Bach a reçu en audience à Lausanne Hamad kalkaba Malboum et le président de l'Association des Comités Nationaux Olympiques d'Afrique (ACNOA),Mustapha Berraf, en présence des Directeurs sportifs du CIO et de la Solidarité Olympique.

"Nous avons expliqué la situation. M.Bach a compris le but de notre démarche. Tous les continents organisent des jeux qui servent d'étapes de qualifications et les confédérations organisent aussi des championnats continentaux. Le système de qualification peut subir des changements pour que les athlètes ne peuvent pas aller très loin pour décrocher leur qualification. Nous avons arrêté au Comité exécutif un certain nombre de principes parmi lesquels le fait de donner la priorité aux jeux continentaux " a rappelé M.Kalkaba.

"En 2026 nous serons fixés sur la nouvelle procédure qui va faciliter la qualification aux JO", estime le président de la CAA et de la CASOL.

-L'athlétisme africain progresse dans la performance sportive.

Pour M.Kalkaba, malgré la fuite des talents, la complexité du système de qualification et le problème des visas, l'athlétisme africain, d'une manière générale, se porte bien.

"Nous constatons que l'Afrique progresse dans la performance notamment au sprint et aux concours. Auparavant l'Afrique dominait du 800 m au marathon. Nous commençons ces dernières années à nous illustrer dans des épreuves où nous étions auparavant absents. Aujourd'hui, nous avons l'un des meilleurs sprinters du monde, le Botswanais Letsile Tebogo, et nous sommes finalistes dans presque toutes les épreuves de sprint ; avec aussi la Nigériane Tobi Amusan au 100 m Haies ; ce qui n'était pas le cas auparavant. De plus, nous avons un champion du monde au triple saut, le Burkinabé Hugues Fabrice Zango, un résultat que beaucoup auraient jugé irréalisable pour un Africain il y a une décade".

Une nouvelle stratégie pour le développement de l'athlétisme africain.

M.Hamad Kalkaba a tenu à féliciter le Directeur techniqe et du Développement de la CAA, M. Mohammed Aziz Daouda "pour son engagement et le travail qu'il abat" a -t-il affirmé. "A cette occasion je voudrais lui adresser mes sincères félicitations pour le travail qu'il fait avec abnégation et avec beaucoup de compétence. 

Nous avons un projet ambitieux pour le développement de tous les secteurs de l'athlétisme. Dans les différents centres de développement relevant de la CAA, on forme des cadres de tous les niveaux y compris les communicateurs. Actuellement on forme des gens qui peuvent jouer un rôle très important pour le développement de l'athlétisme africain" a martelé le président de la CAA".

" Nous avons ciblé les institutions qui forment des cadres de sport et nous formons ceux qui ont choisi l'athlétisme comme spécialité. C'est la nouvelle stratégie que nous sommes entrain de développer" conclut M Hamad Kalkaba.

Propos recueillis par Mohammed benchrif.


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