Nairobi accueille « Kip Keino Classic »

Nairobi accueille le premier meeting du Circuit continental de World Athletics sur le sol africain, ce samedi 3 octobre 2020. « C’est le premier grand événement d’athlétisme sur le continent depuis le début de la crise liée au corona virus », a déclaré Jackson Tuwei, Président d’Athletics Kenya. « Il va relancer le sport dans le pays et très probablement en Afrique, car depuis la Covid -19, il n’y a pas eu de grands championnats en Afrique. »

Le meeting, baptisé Kip Keino Classic en référence à Kipchoge Keino, légende du demi-fond, était initialement prévu en mai, mais a été reporté à deux reprises.

Cette année, Nairobi devait accueillir les Championnats du monde U20 de World Athletics, mais l’événement a été reporté en raison de la pandémie de coronavirus. Le Circuit continental offre à Athletics Kenya une nouvelle chance, cette année, de produire du grand spectacle.

« Nous voulons organiser ce meeting du Circuit continental en gardant à l’esprit que son succès en dira également long sur la capacité de l’Afrique à organiser des événements », a déclaré M. Tuwei.

« Il s’agit de faire en sorte que d’autres événements puissent voir le jour dans toute l’Afrique, afin que nous développions également notre propre série de compétitions qui puisse soutenir et développer l’athlétisme sur notre continent. »

Cette saison, les meetings labellisés Or se composent de cinq épreuves principales : le 200m, le 3000m steeple, le triple saut, le lancer du disque et le lancer du marteau chez les hommes et chez les femmes. Le meeting de Nairobi comprendra également le lancer du javelot, le 400m, le 800m, le 1500m et le 5000m. Les organisateurs ont également prévu des épreuves nationales afin d’offrir aux athlètes locaux la possibilité de concourir à l’occasion d’une saison mise à mal par la pandémie de coronavirus.

Le meeting aura lieu au stade national de Nyayo, qui a été récemment rénové pour répondre aux normes de compétition de World Athletics.

Il y aura moins d’athlètes que prévu initialement. Pour autant, compte tenu des circonstances, le directeur du meeting, Barnaba Korir, est satisfait du nombre d’athlètes qui, jusqu’à présent, ont manifesté leur intérêt pour cette compétition.

Après une année durant laquelle l’athlétisme en Afrique est resté en sommeil, M. Tuwei est confiant que tout est en place pour la tenue d’un événement exceptionnel en octobre.

« Nous pensons que ce meeting va relancer ce sport sur le continent et nous espérons qu’à l’avenir les athlètes auront la chance de concourir à nouveau sur le continent et en dehors.

« Nous sommes prêts et nous sommes préparés », a-t-il déclaré. « Nous voulons assurer à tous les athlètes qui participeront à la première du Circuit continental en Afrique qu’ils prendront du plaisir à concourir à l’occasion d’une compétition de qualité. »

Helen NGOH pour la CAA

Réalisme, flexibilité, efficacité et considération, les aspects fondamentaux du plan de développement de la CAA

La situation de l’athlétisme en ces temps de pandémie, les décisions du dernier Conseil de la CAA, les centres africains (AADC), le second plan de développement, le circuit continental des compétitions, les championnats d’Afrique de cross-country et les championnats d’Afrique séniors, ont été les points forts de la conférence de presse animée, le lundi 21 septembre 2020, en vidéo-conférence par le Directeur Général de la CAA, Lamine Faty et le directeur technique Aziz Daouda.

Faisant le point sur le conseil de la CAA du 9 septembre, M. Faty s’est dit ‘’satisfait’’ de cette réunion après celle du 16 mai dernier avec 15 membres présents et 05 absents excusés. ‘’Le conseil a notamment maintenu la programmation de nos deux championnats phares prévus en 2020 pour l’année prochaine. Le championnat d’Afrique de cross aura lieu fin février/mi-mars 2021 à Lomé au Togo alors que les championnats d’athlétisme séniors se dérouleront à Alger au mois de juin 2021’’ a jouté le DG de la CAA en soulignant que ‘’les dates précises seront arrêtées ultérieurement avec les fédérations organisatrices’’.

M. Faty a fait état du maintien au programme de la CAA du circuit de meetings africains avec sept (07) étapes même si ceux du Nigéria et de l’Afrique du sud ne sont pas encore confirmés. ‘’La CAA veillera à que ce circuit ait lieu avec ses sept étapes tout comme le meeting de Gaborone au Botswana en avril 2021’’, a-t-il dit en souhaitant une amélioration de la situation par rapport à la pandémie du covid-19 et une reprise progressive des championnats régionaux et nationaux.

 ‘’En dépit de la situation du confinement et une préparation pas adéquate, on a été agréablement surpris par les performances de nos athlètes lors des meetings de Monaco et de Stockholm et nous espérons qu’ils vont encore faire mieux dans les compétitions à venir’’ a indiqué M. Faty.

Pour sa part, le Directeur Technique de la CAA, M. Daouda a indiqué que ‘’durant cette période de confinement, la confédération a été très active en organisant une trentaine de sessions avec plus de 50 participants pour chacune. Il a cité comme exemple le séminaire sur l’athlétisme féminin qui avait regroupé plus de 65 dames.

M. Daouda est revenu également sur la stratégie de la CAA basée sur les plans de développement. ‘’A Abidjan lors de notre congrès, l’ensemble des membres se sont déclarés satisfaits de notre premier plan de dix ans qui a expiré en 2017’’ a-t-il dit en soulignant que les compétitions de la CAA ont connu une nette progression en matière d’engouement et du nombre de participants. ‘’Si par le passé on organisait des championnats avec trois ou quatre pays, on a enregistré lors des derniers Jeux Africains de Rabat la présence de 52 pays, alors que les effectifs ont aussi augmenté considérablement’’ a relevé le Directeur technique qui a reconnu la difficulté d’organiser les championnats de cross-country car ‘’c’est une discipline qui n’est pas pratiquée dans tous les pays africains’’.

‘’Pour encourager une participation de masse, la CAA a introduit la catégorie des U18 (cadette) pour les championnats d’Afrique de cross-country à Lomé où plus de 300 participants de cet âge seront sur la ligne de départ’’ a-t-il fait savoir en soulignant la volonté de la confédération à vulgariser cette discipline considérée comme ‘’une entrée à l’athlétisme’’.

Spécificités du terrain

M. Daouda dira également que la stratégie de la CAA tient en compte les spécificités de notre continent et fait de son mieux pour faire entendre sa vision au grand profit de nos athlètes qui sont les seuls à être présents dans les compétitions à travers le monde à hauteur de 30% et figurent également dans les meilleurs résultats mondiaux.

Il a détaillé que le plan de développement actuel de la confédération a été scindé en deux périodes de cinq ans chacune qui sera bientôt adopté par le conseil confédéral soulignant que ‘’ce plan repose sur quatre aspects fondamentaux à notre sens’’ : le réalisme, la flexibilité, l’efficacité et la considération.

Expliquant ces quatre mots clés, il dira que la CAA s’adapte avec la réalité du terrain des fédérations nationales. L’image de marque de notre discipline qui ne fait pas vivre malheureusement tous ses athlètes sauf de rares grands champions est la mission de tous auprès des médias et de la télévision. ‘’Nous devons en tant que confédération travailler en commun avec world athlétics pour sauvegarder et maintenir toutes les épreuves du demi-fond au programme des meetings. Les courses du 5 000 m et le 10 000 m sont les épreuves ‘’africaines’’ et elles avec les relais des épreuves plus spectaculaires que certaines d’autres.

Le Directeur technique a relevé avec satisfaction le bon travail qui s’effectue au niveau des centres de préparation et de formation africains. Il en veut comme preuve, les performances de leurs athlètes dans les compétitions internationales.

Enfin le DG de la CAA s’est félicité de cette conférence de presse et a remercié les participants tout en regrettant que de nombreux journalistes n’ont pas pu accéder à la plate-forme en raison des difficultés de connexion. ‘’Ce n’est que partie remise et nous souhaitons renouveler très prochainement cette expérience’’ a-t-il conclu.

Le chargé de la communication M. Moahmed Zemmour a participé activement à cette conférence avec d'autres journalistes africains notamment M. Oumar Ba, responsable des medias de la CAA et Mme Alice Annibali responsable des Relations publiques du département de la communication de World Athletics. M. Zemmour a assuré que ''les préparatifs des championnats d'Afrique en 2021 à Alger vont bon train, avec surtout la rénovation du stade annexe qui sera doté d'une nouvelle piste''. 

Mohamed Zemmour (FAA) pour la CAA

Tanzanie : Mbaraka James sur les traces de Filbert Bayi

Opposé à l’un des coureurs les plus polyvalents du pays, le méconnu Mbaraka James a tout de même remporté le 1500m masculin lors des Championnats tanzaniens, qui se sont achevés le dimanche 13 septembre 2020 après deux jours de compétition au stade Benjamin Mkapa de Dar es-Salaam.

Organisés conjointement par le Conseil national des sports (NSC), le Comité olympique tanzanien (TOC) et Athletics Tanzania (AT), les Championnats tanzaniens ont eu lieu pour la première fois en cinq ans et ont rassemblé plus de 200 athlètes de 28 régions du pays.

Mbaraka, représentant la région de Tanga, a remporté le 1500m en 3’47’’12, en battant Gabriel Geay (qui a représenté la Tanzanie lors de championnats du monde et de championnats continentaux) et Epimak Boniface. Au début de la course, Mbaraka fut distancé par Geay et Boniface. Il revint ensuite progressivement sur ses deux rivaux. Dans le dernier tour, il dépassa le duo pour finir vainqueur.

« C’est un Championnat national. Je m’attendais donc à une course difficile », a déclaré le jeune homme de 19 ans. « Mon entraîneur m’a dit de m’entraîner dur et de suivre ses instructions. C’est exactement ce que j’ai fait et ça a payé. À Tanga, peu de gens pratiquent l’athlétisme, mais grâce à mon exploit lors de ces Championnats nationaux, de nombreux jeunes marcheront sur mes traces. »

L’ancien détenteur du record du monde, FilbertBayi, dont la meilleure performance en 3’32’’2 constitue toujours le record de Tanzanie, compte parmi les idoles de Mbaraka.

« J’imagine bien devenir un athlète de haut niveau », a-t-il déclaré. « Ma performance lors des Championnats m’a motivé à travailler encore plus dur et à atteindre le niveau de mon idole Filbert Bayi. »

Angelina Tsele et Grace Charles, vainqueurs du 5000m et du 1500m féminins respectivement, ont apprécié l’opportunité de participer à un championnat national. « Courir sur cette piste contre des athlètes de haut niveau d’autres régions n’était pas si facile, mais je suis heureuse d’avoir réalisé de bons chronos », a déclaré Angelina.

« Grâce à l’implication totale du Comité olympique tanzanien, les Championnats ont été très compétitifs », a ajouté Grace. « Je me réjouis de représenter mon pays lors de futurs événements internationaux. »

Le secrétaire général par intérim d’Athletics Tanzania, Ombeni Zavalla, et le vice-président, William Kallaghe, ont salué le soutien du gouvernement et promis qu’ils reviendraient encore plus fort l’année prochaine.

« Après une absence de cinq ans, nous sommes de retour cette année », a déclaré Ombeni Zavalla. « Nous apprécions vraiment le soutien que nous avons reçu du gouvernement et du Comité olympique tanzanien pour organiser un événement réussi. Je promets que l’année prochaine, nous organiserons un championnat encore plus réussi que cette année. »

La compétition de deux jours a été officiellement lancée par Ally Possi, secrétaire permanent adjoint au ministère de l’Information, des Arts, de la Culture et des Sports.

« Nous continuerons à travailler avec Athletics Tanzania et toutes les parties prenantes pour aider au développement de l’athlétisme », a-t-il déclaré. « Nous nous engageons à développer ce sport, car nous savons que, s’il est bien géré, il peut être une source de revenus pour de nombreuses familles. »

La région côtière est sortie gagnante des championnats, remportant 12 médailles (cinq d’or, six d’argent et une de bronze).

Robert Kalyahe, secrétaire général pour l’athlétisme dans la région côtière, a attribué le succès de son équipe au soutien qu’elle reçoit des parties prenantes, dont la Fondation Filbert Bayi (FBF).

« C’est une grande réussite pour notre région », a déclaré M. Kalyahe, « mais elle est due au travail acharné de nos athlètes, de nos entraîneurs, des dirigeants de notre association et au soutien que nous recevons de la Fondation Filbert Bayi ».

Joseph Mchekadona pour World Athletics

CONSEIL DE LA CAA : Compétitions majeures et Tour africain en 2021, plan de stratégie 2021-2025 au menu

Le Conseil de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA), tenu le 9 septembre 2020 en vidéo conférence,  a été marqué par les décisions concernant la tenue en 2021 des compétitions majeures (Championnat d’Afrique de cross country, championnats d’Afrique seniors et Tour africain) qui étaient initialement prévues en 2020 mais reportées à cause de la pandémie de COVID 19. Ainsi, le Togo et l’Algérie accueilleront respectivement, comme prévu, les deux premiers événements. La CAA et les autorités des deux pays sont en discussions pour arrêter les dates définitives des compétitions.

La Confédération africaine d’athlétisme a aussi confirmé que l’édition 2021 du Circuit Continental de meetings d’un jour va se dérouler dans les pays suivants : (Ethiopie), (Congo), (Djibouti), (Nigeria), (Kenya), (Afrique du Sud) et (Cameroun). Les villes concernées seront dévoilées dans les prochaines semaines.

Pour rappel, le calendrier de 2020 était ainsi composé : Pretoria (mars), Addis-Abeba (31 mai), Djibouti (3 avril), Kaduna (avril), Nairobi (2 mai), Brazzaville (mai), Yaoundé (23 mai)

Le Conseil a également évoqué la stratégie de développement de l’athlétisme africain à travers le plan 2021-2025.

Dabo et Busby: comment un élan de bienveillance a fait basculer la vie des deux athlètes

Braima Dabo dira avoir agi de façon naturelle en arrêtant sa course pour aider Jonathan Busby, il y a un an, sur la piste de Doha. Les faits se déroulèrent lors de la première série du 5000m masculin des Championnats du monde de World Athletics Doha 2019. L’Éthiopien Selemon Barega remporta la course et tous les coureurs franchirent la ligne d’arrivée, sauf Braima Dabo, représentant la Guinée-Bissau, et Jonathan Busby, d’Aruba.

Au moment de dépasser Jonathan, Braima se rendit compte que l’Arubais était à bout de forces et dans l’incapacité de finir la course. Il s’arrêta alors pour lui venir en aide.

« J’avais devant moi une personne qui avait besoin d’aide », a déclaré Braima en portugais, « Alors, je suis allé l’aider, c’est tout. Rien de plus normal. »

Pour le reste du monde, c’était tout sauf ordinaire que Braima sacrifie sa course pour aider un rival à franchir la ligne d’arrivée. Les deux hommes reçurent une ovation lorsqu’ils franchirent ensemble la ligne d’arrivée du stade Khalifa de Doha. Pourtant, ce n’était rien comparé à ce qui advint par la suite.

Cet acte singulier, d’une rare bienveillance sportive, fit la une des journaux du monde entier.L’histoire fut relayée à la télévision, dans les journaux et saluée en ligne et sur les réseaux sociaux. Une vidéo du moment a été visionnée, à ce jour, plus de sept millions de fois sur les plates-formes de World Athletics.

Braima fut acclamé pour le fair-play dont il fit preuve et devint l’objet d’une frénésie médiatique à Doha, ce qu’il ne comprit pas tout à fait.

« Ce qui s’est passé dans ma vie après cela a été comme un cauchemar », déclara le jeune homme de 27 ans dans un éclat de rire. « Quand j’ai vu l’attention que les gens m’ont accordée à Doha, j’ai d’abord eu peur. Je n’ai pas compris pourquoi, car je pensais que mon acte était normal. Ce n’est que lorsque je suis rentré au Portugal que des amis m’ont aidé à comprendre la raison de cette effervescence.

“Après cela, j’ai ressenti de la gratitude, car les gens m’ont témoigné de l’amour et se sont souciés de moi. Je me suis senti chanceux et je suis très reconnaissant envers tout le monde. »

Le prix du Fair-play

En novembre 2019, Braima et Jonathan se sont envolés pour Monaco où le Bissau-Guinéen a reçu le Prix international du Fair-play lors de la cérémonie de remise des Trophées de l’athlétisme de World Athletics.

« Je ne m’attendais pas à cela, car j’ai agi de façon spontanée, naturelle pour moi. Pourtant, quand World Athletics m’a remis le prix, j’étais comme dans un rêve. Cette récompense m’a motivé à aller au bout de mes ambitions dans l’athlétisme et dans ma vie. »

Beaucoup d’autres choses fantastiques sont arrivées au « petit garçon de Guinée-Bissau », comme Braima aime à se décrire.

Les médias portugais se sont emparés de son histoire et cela a conduit à une série d’événements surprenants, dont le plus inattendu a été l’invitation d’un très haut responsable au Portugal.

« La chose la plus importante et la plus étrange qui m’est arrivée a été l’invitation du Président du Portugal pour me décerner une distinction en lien avec ce qui s’est passé à Doha. »

« Ici au Portugal, on m’a même offert pour Noël un voyage en Guinée-Bissau pour voir ma famille après huit ans sans leur rendre visite ! Après cela, je suis allé à São Tomé pour une discussion avec un groupe de motivation et j’ai participé à des conférences TEDx à Matosinhos. »

« J’ai croisé le chemin de gens sympas. Pourtant, la vie dans le monde de l’athlétisme n’a pas beaucoup changé. Je continue d’enfiler mon short et mes chaussures pour aller courir, rien n’a changé », plaisante-t-il. « Comme je ne m’y attendais pas, cet épisode ne m’a pas tellement touché personnellement. La vie n’a pas tellement changé, même si je me suis pris à rêver. »

Braima a utilisé cet élan de popularité pour faire le bien autour de lui. Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé le Portugal, de nombreux étudiants africains se sont retrouvés reclus, sans personne vers qui se tourner pour obtenir de l’aide. Étant lui-même étudiant, Braima savait exactement ce que ces étudiants traversaient. Le Bissau-Guinéen eut alors une idée.

« Étant donné la notoriété associée à mon nom, pourquoi ne pas créer un groupe d’aide pour nourrir ceux qui sont seuls ici », se demanda Braima. « Mon institut et Carritas Portugal ont participé à la collecte de quelques produits de première nécessité pour aider ceux qui n’avaient pas d’argent et j’en suis très fier. »

Jonathan après Doha

Si Braima vit un rêve éveillé depuis Doha, c’est tout le contraire pour l’homme qu’il a aidé.

Pour Jonathan, la douleur paralysante qu’il a ressentie ce jour-là sur la piste annonçait la période difficile à venir.

« L’épisode de Doha était un mélange de déshydratation et de blessures », expliqua Jonathan. Lorsqu’il rentra chez lui, il continua à courir, mais ses résultats furent décevants.

« Après Doha, j’ai participé à quatre courses, mais je n’ai pas obtenu les résultats escomptés. En temps normal, je remporte des courses dans les Caraïbes, mais là ce sont les autres coureurs qui se mirent à me battre. Je me suis fatigué facilement et les courses ne ressemblaient en rien aux précédentes. J’ai été contraint de faire une pause. »

Le coureur de fond de 34 ans a essayé de cerner le problème, sans grand succès.

« J’ai fait des radios de la hanche et du dos, mais ils n’ont rien vu. Je suis encore très raide en ce moment au niveau des adducteurs. »

Jonathan reçut beaucoup d’attention après Doha. Pourtant, tout cela n’a pas été positif.  

« Au début, les messages du monde entier étaient très positifs. Mais ensuite, ils devinrent négatifs et cela m’a affecté. C’était difficile à gérer. »

Pour ne rien arranger, Jonathan fut licencié à deux reprises et perdit sa maison, puis le coronavirus frappa Aruba. Il fut ensuite diagnostiqué d’une dépression bipolaire et passa plus de trois mois dans une clinique pour y être soigné.

« Je ne recevais aucune subvention, pas d’argent, pas de travail, rien, car la situation dans le pays était vraiment mauvaise », déclara-t-il.

« C’était loin d’être tout rose. En ce moment, je me contente de faire de mon mieux pour rester positif. Pour l’heure, je vis chez un ami.J’essaie juste de me remettre sur pied. »

Un coup de projecteur sur l’athlétisme

Les Fédérations d’athlétisme d’Aruba et de Guinée-Bissau ont bénéficié de l’attention que leurs athlètes ont reçue.

« Ce que Braima a fait était quelque chose d’unique », a déclaré Renato Pappy Moura, Président de la Fédération d’athlétisme de Guinée-Bissau. « [C’est] quelque chose qui vient du plus profond de lui, car il est vraiment comme ça. »

« L’événement s’est révélé positif pour nous, car les gens ont commencé à parler davantage de notre pays et de l’humilité de ses habitants. Dans notre pays, on s’est mis à parler beaucoup plus de l’athlétisme et cela était vraiment important pour nous. »

« Le rêve se prolonge encore aujourd’hui. »

Cela a également eu un effet positif à Aruba.

« Cet événement a eu des répercussions sur toute la population d’Aruba, et pas seulement sur l’athlétisme », a déclaré Nigel Nedd, Secrétaire général de la Fédération d’athlétisme d’Aruba. « L’ATIA (Association du commerce et de l’industrie d’Aruba) avait prévu de faire venir Braima à Aruba, le 18 mars, pour un prix de reconnaissance. Or, tout a été annulé en raison de la COVID-19. »

La pandémie a été catastrophique pour de nombreux secteurs de l’île et en particulier pour l’athlétisme. Elle a limité l’aide que la Fédération a pu offrir à Jonathan en ces temps difficiles.

« Tous nos athlètes reçoivent une subvention en cas de blessure, mais dans le cas de Jonathan, il a également subi l’internement dans une clinique pour traiter sa dépression », explique Nedd. « Voilà qui rendait l’octroi d’une aide encore plus impérieuse. Sur l’île, les temps sont durs. Beaucoup sont au chômage parce qu’Aruba dépend du tourisme qui a connu un coup d’arrêt. Il faudra au moins une année supplémentaire à partir de maintenant pour que nous puissions nous relever. »

La Fédération bissau-guinéenne connaît également des difficultés.

« Pour l’instant, nous sommes limités dans nos activités, car nous rencontrons quelques difficultés au sein de la Fédération. Nous avions ces problèmes bien avant que Braima ne fasse ce qu’il a fait. En revanche, son action n’est pas tombée dans l’oubli. Quand le moment viendra, nous l’utiliserons pour redonner le courage de continuer et d’incarner l’excellence pour notre pays. »

L’amitié pour la vie

Jonathan et Braima sont devenus rapidement amis malgré la distance et la barrière linguistique qui les séparent. Jonathan ne parle pas portugais et Braima ne parle pas anglais. Comment ont-ils réussi alors à rester en contact ?

« J’ai téléchargé un traducteur sur mon téléphone. Quand Braima m’écrit, je passe son texte au traducteur, donc la langue n’a jamais été une barrière », a déclaré Jonathan.

« Depuis ce moment que nous avons partagé à Doha, Jonathan est comme un frère », affirme Braima. « Jonathan m’a raconté ce qu’il a traversé. Ça m’a tout de suite inquiété. La situation liée à la COVID-19 a ajouté du stress dans la vie de Jonathan. Nous en avons parlé et les choses s’améliorent peu à peu. Maintenant je ne suis plus aussi inquiet. Je suis heureux et j’espère que le pire est passé. »

« J’avais vraiment hâte de lui rendre visite en avril lorsque le gouvernement d’Aruba m’a envoyé une invitation. Or, avec les événements que le monde connaît à cause de la COVID‑19, il n’était pas possible de se rendre à Aruba. Jonathan est un gars très gentil, très humble. Notre amitié, c’est pour la vie. »

Jonathan témoigne lui aussi de ses liens d’amitié croissants avec Braima.

« Quand j’ai lu les messages négatifs après Doha et que j’en ai parlé à Braima, il m’a dit de ne pas me soucier de ces choses-là », dit Jonathan.

« Nous discutons, pas tous les jours, mais nous nous parlons. Quand je me fais plus discret, il essaie de me motiver et de savoir où je suis et ce que je fais, pourquoi je ne poste rien sur les réseaux. C’est une personne très attentionnée. »

Tous deux rêvent de participer aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, qui ont été reprogrammés pour l’été2021, bien qu’ils soient réalistes quant à leur chance de qualification. Tous deux ont conscience que leur meilleur espoir d’y parvenir serait de se faire inviter, étant donné l’impossibilité de s’entraîner complètement en raison de la pandémie pour Braima et des blessures pour Jonathan.

Quoi qu’il en soit, ce qui a réuni les deux hommes demeure à jamais unique, surtout pour l’Arubais.

« Ce moment, je ne suis pas près de l’oublier », déclare Jonathan. « Quand il m’a pris par les épaules, il est devenu comme un frère pour moi. C’est très spécial ce qu’il a fait pour moi et il a été un ami spécial jusqu’à présent. Il a agi de la sorte à Doha et tout ce que je peux dire, c’est que je suis très heureux de l’avoir rencontré. »

Helen Ngoh pour World Athletics

Joshua Cheptegei détrône Kenenisa Bekele

L'Ougandais Joshua Cheptegei a établi un nouveau record du monde du 5 000 m, en parcourant la distance en seulement 12’35’’36, lors du meeting Ligue de diamant de Monaco, vendredi 14 août, contre 12’37’’35 en 2004 pour l'Ethiopien Kenenisa Bekele.

Avec cet exploit, l'athlète de 23 ans, champion du monde en titre du 10.000 m, détient ainsi trois records du monde puisqu'il possédait déjà ceux du 5 km et du 10 km sur route.

Côté femmes, la Kényane Hellen Obiri, double championne du monde du 5 000 m, a confirmé sa suprématie sur la distance avec un chrono rapide, puisqu'elle s'est imposée en 14’22’’12, meilleure performance mondiale de la saison et 17e meilleur chrono de l'histoire.

La Kenyane Faith Kipyegon a signé le deuxième chrono de l'histoire sur 1000 m 2'29''15, très près du record de Masterkova (2'28''98 en 1996).

Le champion du monde Timothy Cheruiyot du Kenya a remporté le 1500m en 3'28''45.

L’épreuve du 3000 m steeple a été dominée par le Marocain Soufiane El Bakkali en 8'8''04 (m.p.m.). 

Avec un chrono de 47''10, le Norvégien Karsten Warholm a réalisé la huitième performance de tous les temps sur 400 m haies.

Comment Ron Davis et Filbert Bayi ont marqué l’histoire de la Tanzanie

Lorsque Ron Davis se mit à l’athlétisme, il n’imaginait probablement pas que sa passion l’amènerait à voyager à travers le globe et encore moins à s’établir à l’autre bout du monde, en Tanzanie.

Pourtant, après une rencontre fortuite avec des icônes olympiques et une tournée en Afrique, l’athlète américain devenu entraîneur trouva sa véritable vocation en s’associant à FilbertBayi.

Né en 1941 à New York, Ron n’a pas eu un départ facile dans la vie. À l’âge de quatre ans, son père fut emprisonné pour vol à main armée dans le New Jersey. Une fois libéré de prison, il se remaria et, à douze ans, Ron emménagea avec lui.

« C’est en Virginie que j’ai connu la ségrégation et le racisme à la mode du Sud », se souvient Ron. J’ai appris à dire « Oui monsieur » et « Non monsieur », à ne pas regarder une femme blanche, à boire l’eau des fontaines et aller aux toilettes là où les panneaux indiquaient « colored » (personnes de couleur) ou « black » (personnes noires). De plus, je ne pouvais fréquenter qu’une école entièrement réservée aux personnes de couleur. »

Ron, bon joueur de basket et de base-ball, vivait avec sa mère pendant ses études secondaires. Le terrain d’entraînement de l’équipe de base-ball du lycée étant trop éloigné, Ron ne pouvait se rendre tous les jours à l’entraînement. Sans argent pour payer le transport, il bifurqua vers l’athlétisme et se distingua dans les courses de fond. Lorsqu’il finit par réaliser le sixième meilleur temps du pays sur un mile à l’occasion du meeting de l’Université Brown, Ron battit un record vieux de 24 ans.

À l’époque, une idée fausse circulait selon laquelle les Noirs ne pouvaient pas courir plus de 400 m. Pourtant, Ron reçut des dizaines d’offres de bourses universitaires. Il fréquenta l’université d’État de San Jose en Californie et devint membre de l’équipe All-America (équipe virtuelle qui consacre les meilleurs joueurs amateurs des États-Unis). Ron fut également un maillon essentiel de l’équipe historique des Championnats de cross-country de la NCAA en 1962, la première équipe multiethnique à remporter le titre de la première division (alors appelée division universitaire).

En 1968-1969, en tant qu’entraîneur assistant des étudiants de son alma mater, il croisa le chemin de Tommie Smith et de John Carlos, médaillés d’or et de bronze sur 200m aux Jeux olympiques de 1968. À Mexico, les deux hommes avaient été contraints par le Comité olympique des États-Unis de l’époque (USOC) de rentrer chez eux pour avoir sur le podium manifesté leur opposition au non‑respect des droits de l’homme. Leur action leur valut d’être par la suite ostracisés et victimes de menaces de mort. Toutefois, elle inspira Ron qui apprit à connaître ces hommes personnellement et passa beaucoup de temps avec eux et avec Lee Evans, un autre médaillé d’or olympique et militant des droits civiques.

L’athlétisme en Afrique

Les attaches de Ron avec l’Afrique se formèrent au début des années 1960. Au plus fort de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique, Ron prit part à une tournée de bienfaisance en Afrique en 1964, en tant que membre de l’équipe américaine. En proposant aux athlètes de concourir lors de meetings et en organisant des conférences, l’intentiondes organisateurs de la tournée était de montrer que la vie dans un pays démocratique tel que les États-Unis était meilleure qu’en Union soviétique.

L’équipe fit escale au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Bénin, au Ghana, en Guinée, en Sierra Leone et en Algérie. Lors de l’une des conférences, un étudiant dans le public posa à Ron la question suivante : « Pourquoi désigne-t-on les athlètes noirs sous le terme “Américains” pendant les Jeux olympiques, alors qu’avant et après les Jeux, ils sont appelés “nègres” et traités comme des citoyens de seconde zone, confrontés au racisme et à des difficultés pour obtenir un logement et un emploi ? »

Avec cette question, l’étudiant venait de toucher une corde sensible. Elle eut pour effet de pousser Ron à s’intéresser davantage à l’Afrique coloniale et à ses luttes pour l’indépendance, ce qui l’amena plus tard à exercer comme entraîneur au Nigeria, à Maurice, en Tanzanie, au Soudan, en Somalie, à Djibouti, au Mozambique, et à être conférencier Fulbright à Brazzaville, au Congo.

Une décennie plus tard, Ron et Lee Evans devinrent les entraîneurs de l’équipe d’athlétisme du Nigeria. Plusieurs pays africains boycottèrent les Jeux olympiques de 1976 à Montréal, car le CIO refusa d’interdire la participation de la Nouvelle-Zélande après la tournée de son équipe nationale de rugby en Afrique du Sud, pays de l’apartheid. En 1978, le Nigeria décida de boycotter les Jeux du Commonwealth à Edmonton pour les mêmes raisons. Ron, directement impacté par les boycotts, eut la chance de rencontrer le ministre tanzanien de la Culture et des Sports qui, en 1979, l’engagea comme entraîneur national d’athlétisme pour la Tanzanie.

À l’époque, l’athlète vedette de la Tanzanie s’appelle FilbertBayi. En 1974, ce dernier fit la une des journaux internationaux en remportant le titre de champion du Commonwealth sur 1500m avec à la clé un record du monde. Considéré comme l’un des plus grands 1500m de tous les temps, Filbert prit la tête dès le départ et la conserva jusqu’à la ligne d’arrivée, battant le record du monde en 3’32’’16 à la suite de ce qui était sa cinquième course en sept jours. Un an plus tard, Filbert battit le record du monde du mile, en 3’51’’00 à Kingston, en Jamaïque.

Lorsque Ron fut engagé pour la première fois comme entraîneur principal de la Tanzanie, Filbert soignait une blessure en Allemagne. À son retour, Filbert, ouvert à l’entraînement, discipliné et assidu, accepta volontiers le système d’entraînement de Ron.

Si la Tanzanie n’avait pas boycotté les Jeux olympiques de 1976, Filbert aurait été un favori pour une médaille sur 1500m. L’année suivante, Filbert décida de revenir au steeple, une épreuve qu’il n’avait pas disputée depuis son élimination des séries des Jeux olympiques de 1972 en tant qu’U20.

Les premiers signes de la saison 1980 furent prometteurs. Filbert remporta son 3000m steeple lors du DN Galan à Stockholm en 8’17’’98, le meilleur temps avant les Jeux olympiques de Moscou.

Confiant et déterminé à gagner une médaille pour la Tanzanie, Filbert se lança dans la finale olympique à un rythme sur les bases du record du monde. Son temps de passage de 5’20’’ aux 2000 mètres était à l’époque le meilleur temps au monde. Filbert distança même le Polonais Bronisław Malinowski, médaillé d’argent olympique en 1976, de trente mètres. Mais avec la fatigue, son avance fut réduite à seulement cinq mètres à un tour de l’arrivée et Filbert fut inévitablement rattrapé par Malinowski. Néanmoins, le Tanzanien tint bon et termina deuxième avec un record national de 8’12’’48, offrant ainsi à la Tanzanie sa toute première médaille olympique de son histoire.

« Grâce à [ma] médaille d’argent lorsqu’il m’entraînait, je considère Ron Davis comme un héros », a déclaré Filbert dans une interview accordée à SpeedEndurance.com en 2019. « Je ne l’oublierai jamais. J’ai connu des hauts et des bas avec lui et nous sommes toujours amis. »

Des décennies plus tard, lorsque mission lui fut donnée de relancer l’athlétisme dans son pays, Filbert fit de nouveau appel à son ami Ron. « Il est la seule personne à avoir apporté des médailles olympiques à la Tanzanie. »

Poursuivre l’engagement olympique

Au début des années 1980, Atlanta envisageait de se porter candidate pour accueillir les Jeux olympiques de 1996.Le coprésident de l’événement, ancien ambassadeur des Nations unies et maire d’Atlanta, Andrew Young, contacta Ron. La coopération entre les deux hommes porta ses fruits : Atlantaaccueillit 80 athlètes de 11 pays dans un camp d’entraînement préolympique avant les Jeux de 1984 etRon fut nommé responsable de 11 équipes, dont neuf étaient africaines.

Des années plus tard, Ron fonda et dirigea le camp d’entraînement préolympique de LaGrange sous le programme I Train in LaGrange (je m’entraîne à LaGrange). Avant les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, il accueillit plus de 500 athlètes de 45 pays, nombre d’entre eux en provenance du continent africain.

« Il ne fait aucun doute dans mon esprit, alors que je faisais du lobbying pour qu’Atlanta obtienne les Jeux olympiques de 1996, que ce qu’Atlanta a fait en 1984 a contribué à ce que la ville remporte la candidature », a déclaré Ron. Historiquement, LaGrange est une ancienne ville cotonnièredans laquelle de nombreux Africains ont été des travailleurs esclaves. Malheureusement, ce qui aurait pu devenir un héritage olympique après les Jeux a été abandonné.

En 1992, alors que l’Afrique du Sud était en voie de réintégration dans le Mouvement olympique, l’IAAF (aujourd’hui World Athletics) organisa des compétitions officielles à Dakar et à Johannesburg opposant l’Afrique du Sud au reste de l’Afrique. Ronfut nommé entraîneur de l’équipe africaine et organisa la rencontre entre la délégation d’athlétisme en visite et le candidat à la présidence Nelson Mandela.

« Dès que Mandela est entré dans la salle de réunion, son énergiea imprégnétout l’espace », se souvient Ron. Lors de la conférence de presse, Mandela s’est excusé auprès des athlètes et des responsables sportifs africains pour la façon dont le boycott des grands événements sportifs internationaux les avait affectés en raison de la politique d’apartheid en Afrique du Sud. Cetteréunionmarqua la réconciliation entre l’Afrique du Sud, le continent africain et la communauté sportive internationale.

2020 et au-delà

En 2018, FilbertinvitaRon à revenir en Tanzanie et, ensemble, ils conçurent le programme 2020 and Beyond (2020 et au-delà) dont l’objectif premier est de détecter, d’entraîner, de former et de préparer des athlètes talentueux dans un pays dont la dernière médaille olympique remonte à 40 ans.

« Je serai toujours reconnaissant envers FilbertBayi de m’avoir permis de revenir chez moi », a déclaré Ron. « J’ai toujours rêvé de passer le reste de ma vie en Tanzanie. »

Ronest persuadé que le pays a des coureurs talentueux, mais qu’ils sont rarement détectés ; et quand ils le sont, souvent ils se « perdent en route ». En se concentrant sur les Jeux olympiques de Paris 2024, il a identifié quelques stars potentielles en Tanzanie, notamment les coureuses de demi-fond Regina Mpigachai et GaudenciaManeno, les sprinters Benedicto Mathias et MatikoNyamaraga, et le futur spécialiste du 800m, Amos Charles.

L’école de Filbert et sa fondation espèrent désespérément obtenir les financementspour doter l’école d’une piste d’entraînement praticable par tous les temps.

Un héritage durable

Aujourd’hui âgé de 79 ans, Ron a enfin trouvé la paix en Afrique et poursuit son travail de développeur sportif, sur les pistes comme en dehors.

Myles Schrag, un écrivain qui travaille sur les mémoires de Ron et Filbert, décrit Ron comme « extrêmement généreux, accompli et passionné par les gens ». Tout au long de sa carrière sportive, il a agi pour que les athlètes reçoivent une éducation, car, « grâce à ce bagage, ils peuvent rentrer chez eux un jour et contribuer au développement national de leur pays ».

Ron a récemment aidé Regina Mpigachai, l’une de ses athlètes, à préparer le test d’anglais du TOEFL, car il a été le témoin direct de l’importance de la transmission des connaissances à la jeune génération.

« Ils (Filbert et d’autres athlètes avec lesquels il a déjà travaillé) ont adopté ma philosophie et redonnent en offrant une éducation gratuite aux jeunes et aux étudiants-athlètes potentiels de leur pays pour leur permettre d’obtenir des bourses d’études sportives dans les universités », explique Ron.

Filbert, quant à lui, a offert à Ron le plus beau cadeau qu’un athlète puisse faire à un entraîneur : une médaille olympique, une nouvelle maison et la possibilité de transmettre sa passion pour l’athlétisme à la prochaine génération d’athlètes tanzaniens.

Selon Ron, « ce qui fait vraiment la différence, c’est ce que nous faisons pour les autres sans rien demander en retour ».

Alice Annibali pour World Athletics

Le président de la CAA, Kalkaba Malboum: «Nous travaillons pour faire en sorte que l'athlétisme en Afrique puisse survivre à des catastrophes similaires à l'avenir»

Alors que la moitié du monde commence à sortir de l'isolement, la plupart des pays africains attendent toujours le feu vert de leurs gouvernements pour reprendre leurs activités quotidiennes normales. Pour des milliers d'athlètes sur le continent, cela signifie pouvoir retourner aux installations d'entraînement et aux compétitions.


Hamad Kalkaba Malboum, président de la Confédération africaine d'athlétisme (CAA), affirme que la pandémie de Covid-19 a eu un impact significatif sur le sport en Afrique.

«Au cours de cette pandémie, comme dans le reste du monde, toutes les activités ont été interrompues en raison des restrictions nationales», dit-il. «La seule exception a été le Togo, où nos athlètes AADC (African Athletics Development Centers) ont pu continuer à s'entraîner car ils vivent tous à l'intérieur du centre au stade national de Kégué.

«Dans certains pays, comme l’ile Maurice, les athlètes ont pu reprendre l'entraînement le 1er juillet. Il existe plusieurs athlètes expatriés dans nos différents centres d'entraînement, mais ils ont pu rentrer chez eux pour revenir en septembre et reprendre l'entraînement lorsque la saison d'athlétisme reprendra
«Dans d'autres pays, la plupart des athlètes ont pu s'entraîner à domicile, et certains avec leur entraîneur personnel. Mais notre principal conseil à toutes les fédérations membres était de respecter les décisions de leurs gouvernements de protéger leur santé. »

Concrètement, cela signifie que les grands groupes d'athlètes d'élite d'endurance au Kenya et en Éthiopie, par exemple, n'ont pas pu fonctionner normalement. Au lieu de s'entraîner en tant que grande équipe, la plupart ont dû trouver des moyens de travailler dans des groupes beaucoup plus petits. Ce n'est que la fin d'élite du sport aussi; des défis similaires filtrent jusqu'au niveau de la base.

Et ce ne sont pas seulement les modalités de formation qui ont été affectées. Comme cela a été le cas dans de nombreux autres pays du monde, les compétitions ont été annulées et les opportunités de gains pour les athlètes ont été considérablement réduites.

La CAA a dû reporter deux championnats continentaux et elle travaille toujours avec World Athletics et Athletics Kenya pour trouver de nouvelles dates pour les championnats du monde U20 à Nairobi.

"Nous avons parlé aux présidents de région pour savoir ce qui se passait dans chaque région, et ils nous ont informés que toutes les compétitions ont malheureusement été suspendues", a déclaré Kalkaba Malboum. «En consultation et en accord avec les pays hôtes, nous avons également reporté nos grandes compétitions. Nous avions prévu deux championnats continentaux pour 2020: les Championnats d'Afrique de Cross-Country à Lomé, au Togo, et les Championnats d'Afrique à Alger. Nous envisageons maintenant d'accueillir les Championnats d'Afrique de cross-country en mars 2021 et les Championnats d'Afrique en juin 2021, afin que les performances puissent compter pour les qualifications olympiques. Mais tout dépend de l'évolution de la situation. »

Le Kip Keino Classic, un meeting mondial du circuit mondial d'athlétisme Gold, doit avoir lieu à Nairobi le 26 septembre, et pour de nombreux athlètes impliqués, il pourrait s'agir de leur seule compétition en 2020. Mais après un début d'année difficile, il offrira également une lueur d'espoir aux athlètes africains qui ont un œil sur la qualification pour les Jeux Olympiques de l'année prochaine.
"En 2021, l'objectif principal de nos meilleurs athlètes sera de se préparer et de se qualifier pour les Jeux olympiques, bien qu'en ce moment le calendrier de l'année prochaine semble assez pauvre", a déclaré Kalkaba Malboum. "Au cours des dernières semaines, nous avons vu des athlètes en Europe revenir aux compétitions et aux installations d'entraînement, alors j'espère que cela ne prendra pas longtemps avant que les gouvernements africains prennent des décisions similaires qui permettront à nos athlètes de faire de même."


Le sport à l'épreuve du temps


Les moyens de subsistance étant gravement affectés par la pandémie, la CAA a essayé d’obtenir un financement supplémentaire pour les meilleurs athlètes africains.


"Pour nos meilleurs athlètes, il leur a été très difficile de gagner leur vie", dit-il. «Plusieurs athlètes ont heureusement bénéficié du fonds créé par World Athletics. La CAA travaille également à la mise en place d'un fonds permanent de soutien au sport au cas où nous ferions face à une pandémie à l'avenir. Nous avons donc fait une proposition à l'Union africaine et à l'ACNOA (Association des Comités Nationaux Olympiques d'Afrique) pour garantir que notre le sport ne soit pas compromis si de telles catastrophes se reproduisaient. »

Comme cela a été le cas avec d'autres associations continentales, la CAA a adapté sa façon de travailler au cours des derniers mois, et l'utilisation accrue de la technologie a été très présente.

"Notre dernière réunion du Conseil s'est tenue sous forme de vidéoconférence, avec le soutien de World Athletics, et cette initiative a été très appréciée", a déclaré Kalkaba Malboum. «En outre, des webinaires et des cours en ligne ont été organisés dans divers centres nationaux de formation, notamment à Nairobi, Dakar et Le Caire. Cependant, certains cours nécessitent une formation en présentiel, mais nous espérons les mettre en œuvre d'ici la fin de l'année.
«Les journalistes d'Afrique francophone ont lancé un forum auquel les dirigeants, entraîneurs et athlètes ont été invités, dont la sprinteuse Marie Josée Ta Lou, le triple sauteur Hugues Fabrice Zango, l'heptathlète Odile Ahouanwanou et l'entraîneur ivoirien Anthony Koffi. Ils ont partagé des opinions sur l'état de notre sport pendant cette pandémie et ont échangé des idées. »
Il faudra peut-être un certain temps avant que l'Afrique - et, en fait, le reste du monde - ne se remette complètement des effets de la pandémie de Covid-19, mais Kalkaba Malboum est déterminé à mettre en œuvre des mesures pour s'assurer que l'athlétisme sur le continent est prêt à toute éventualité.

"Au cours de cette pandémie, nous avons appris que nous devons mettre en place une stratégie au cas où nous ferions face à une autre situation similaire à l'avenir", dit-il. «Une telle stratégie devrait inclure des conseils de scientifiques sur la façon dont les athlètes peuvent continuer à s'entraîner en cas de confinement. Nous devons également trouver des moyens de garantir et de maintenir les engagements avec les sponsors et les pays hôtes en cas de force majeure. »


Jon Mulkeen pour World Athletics

Covid 19 : La CAA lance la formation en ligne pour les AADC

La Confédération africaine d’athlétisme (CAA) a annoncé de nouvelles modifications du programme des activités des Centres africains de développement de l’athlétisme (AADC) mis en difficulté par la pandémie de coronavirus et ses conséquences. Ainsi, le volet de la formation sera assuré en ligne par les experts, à partir du mois de juillet.

AADC de Dakar a programmé six (6) activités destinées aux entraineurs pour la préparation des Jeux olympiques de la jeunesse (experts Dramane Coulibaly et Anthony Koffi), à la lutte contre le dopage (Dr Mohamed Diop), à la vie des athlètes féminins en période de Covid 19 (Fatima El Faquir), au management des fédérations francophones et lusophones (Jee Isram et Sharifa) et au CECS 2 SAUTS (Ralph Mouchbahini).

AADC du Caire a planifié neuf (9) séminaires autour de la planification des Jeux de Tokyo pour les Sauts, CECS 1 et CECS 2 (Ralph Mouchbahini), CECS 2 ( Dr Wolfgang Ritzdorf et Gunter Lange), Effets psychologiques de Covid 19 (Pr Wael Refaee), Gestion des compétitions en période de Covid 19 (Hamou Tijani), Kinésithérapeutes femmes (Lutz Meissner), Camp d’entraînement pour jeunes sauteurs), et Courses sur route.

AADC de Nairobi a en mire six (6) programmes destinés aux secrétaires généraux de fédérations, TOECS 2 (Chris Cohen et Gungaram), Camp d’entraînement pour l’heptathlon (Maria Whopil et Beatrice Ayikoru), lutte contre le dopage (Stephane Bermon) etc…

Les Centres d’entrainements de Maurice, de Port Harcourt, de Lomé, de Lusaka et Dakar mènent leurs activités en fonction des réalités locales.